En deux ans entre formule complexifiée, évolutions imprévisibles et pénalités arbitraires, le crédit des ratings du SCHRS pose questions.

Donc c’est officiel en 2013 les Formule 18 (0,988)  sont  plus rapides qu’un Tornado avec spi de 24 m2 (0,993 ). On peut en sourire -spécial dédicace à William ;-) -  et rappeler que l’intersérie et les ratings sont indispensables pour régater en local entre copains du parking mais que le jeu de la régate prend sa véritable dimension en temps réel. Citons ici  ce qu’écrivait dès 1999 Pierre-Charles Barraud , président de la commission technique catamaran de la FFVoile 2013:

« La Course en temps réel présente un intérêt tactique très supérieur à la course en temps compensé »

Encore faut-il que l’intersérie soit perçu comme équitable. Sans confondre évolution technique et usure des supports ou des voiles et au vu des chiffres ci-dessus cela mérite donc un examen .

Commençons par une approche complémentaire sur la définition, panels et relativité des ratings des catamarans de sport faites par Guilhem Ensuque, ingénieur INSA qui a fait un point accessible et pédagogique en 2010.

Le rating à la performance intègre le biais du niveau sportif des flottes actives sportivement.

Guilhem distingue deux types de ratings, celui qui mesure les bateaux, donc fixe et un autre variable: le statistique. En intégrant l’équipage, le second est ainsi biaisé par le niveau sportif de la flotte du support concerné.
En effet, sauf à montrer une répartition gaussienne/normale du niveau technique, d’expérience et de talent des sportifs par support (bon courage ), les supports avec une flotte sportive active sont mieux exploités et donc devant.

Un régatier de club aura un « rating » avec des morceaux du talent/expérience des champions de la série sur laquelle il navigue. Sur un Nacra 17 cela sera plus difficile que sur un Dart 16.

Ce type de calcul fait que très rapidement les bateaux avec un rating handicapant préfèrent régater entre eux (chez les bicoques: F18, HC16 et Classe A, les 3 classes avec des flottes contituées et donc du niveau). Le jeu de l’intersérie n’est plus perçu comme fair, le parking sait d’avance quel support défonce les autres, ce qui favorise la mise en place de circuits dédiés

La formule du SCHRS est plus complexe et surtout son évolution non prévisible repose sur des études dont les paramètres restent à préciser.

Or dans la dernière évolution « historique » le SCHRS/ISAF est passé d’un rating de mesures sur une quinzaine de critères physiques à un rating intégrant de manière complexe différents systèmes et surtout dont les paramètres évoluent de manière pas très prévisible. Les performances sur les régates semblent faire partie des critères puisque leur analyse entraîne des variations des paramètres de la formule. Reste à savoir alors, selon quel mode de calcul… ;-) . Les résultats ci-dessus montrent des aspects surprenants et on peut se poser la question d’avoir les détails pratiques (météo, auteur de l’étude…) et mathématiques ( sérieux statistiques de l’échantillon, en particulier) de cette étude annoncée comme étendue sur les résultats français cité dans le document introductif au rapport de 2013 du SCHRS en lien.

Si l’on rajoute que la FFVoile a inventé depuis 2011 un nouveau système: le rating arbitraire. Exemple le Hobie Cat 16 et le SL16 affublés du même rating = 1,14, chiffre qui sort du chapeau. L’édifice procure alors un effet étrange.

Voler en 2013 c’est une pénalité fixe de 1,5% pour le SCHRS

Que ce soit pour les archimédiens ou ceux qui relèvent de plus en plus de la fédération de vol à voile les pieds mouillés avec le petit paramètre de l’aile rigide, histoire de rigoler. Mais dans quelle part, le vol, l’incidence du clapot etc… ? Le futur/présent s’avère donc particulièrement délicat à modéliser. Cependant le travail de fond est en cours par les ingénieurs de la Coupe de l’América pour les AC72 ou ceux de la « Petite Coupe » sur les Classe C.

Pour le SCHRS c’est beaucoup plus simple les bateaux qui volent ont eux une pénalité de 1,5%…. . Tout cela reste à relativiser puisque l’intersérie est avant tout un outil parmi d’autres du développement de la pratique sportive.

Pierre Charles Barraud est aujourd'hui président de la commission technique catamaran. Il a été désigné par le bureau exécutif de la FFVoile.

Bien sur, j’adore la première phrase de cette note. Cocorico donc, sur l’origine de la série forte du catamaran de sport, ce texte de 1999 replace la création de la géniale F18 dans un contexte historique et moins fantasmagorique. C’est l’occasion de rappeler que le succès incroyable de la Formule 18 repose indiscutablement, sur une approche  low-tech ,car devant permettre pour des flottes importantes de contenir les coûts et les écarts de performance entre les F18 fabriqués par des constructeurs différents. Ce n’est pas une série à développement. Le second post sur le leadership français portera sur les hommes et femmes.

Ateliers, usines et  techniciens, le France est bien dotée.

Je suis surpris et flatté que le site de référence mondiale sur le catamaran reprennent les sujets de mes posts avec une certaine régularité. Le Pape est argentin mais la France reste la fille ainée de l’Eglise ;-) Plus sérieusement cela illustre que la culture catamaran  est ancienne et forte dans l’hexagone, qui constitue toujours l’épicentre de bonnes vibrations.

Energie qui résonne  à l’international sur le plan du design/conception du jeune prodige Raphael Censier à Michel Kermarec (Oracle AC72)  en passant par Yves Loday (Extreme 40)et aussi avec des artisans comme Eole composite largement au niveau d’artistes du carbone comme Marström.

Pas moins de 3 chantiers F18 en France avec des approches différentes. Hobie Cat Europe possède deux modèles qui peuvent relever de la monotypie avec des Championnats internationaux est d’abord une PME récemment revenue dans le giron de la compagnie californienne avec une stratégie mondiale .

Sail Innovation ensuite: Alex Udin dans une approche commando avec architecte star et metteurs au point de niveau olympique qui explorent les limites d’une jauge confrontée à son succès. Sur son aventure il faut retenir autant  le flying Phantom que l’idée de coques sans renfort interne.

Enfin, comment ne pas évoquer Manu Boulogne, innovant et passionné dans une démarche reposant maintenant sur la collaboration avec une institution universitaire. Le Cirrus R, dernier né des F18 BCM s’inscrit dans une approche assez radicale et réjouissante.

Mais, compte tenu des caractéristiques initiales de la F18 et de l’évolution technique,  cela revient à gonfler une 4L dans un monde de F1 qui aujourd’hui volent avec des ailes rigides. Attention, ne pas me faire dire ce que je n’ai pas écrit : faire de la F18 reste une des meilleures manière de faire du sport en catamaran et de confronter ses capacités avec les copains.

Un leadership technique qui doit s’affirmer sur le high tech

La France est longtemps restée à l’écart du laboratoire que constitue la classe A. Le projet Addiction est pour le coup nouveau et particulièrement intéressant à suivre avec  foils, winglet et construction en pointe, la panoplie technique complète des libellules.

L’autre point nouveau  de la capacité française à imaginer ce que sera le catamaran de demain s’avère la prise en compte de la Classe C par pas moins de 4 projets francophones qui intègrent des expériences variées. D’abord Besson/Lagarrigue avec le projet Hydros avec du vécu issu de l’Hydroptère.

Ensuite l’immense expérience du prof. Desjoyaux et de son chantier sur les multis-océaniques, et ne pas sous estimer la volonté et le professionnalisme caractérisé d’un certain Franck Cammas qui incorpore à vitesse grand V tous les paramètres du jeu . Tous ont plus ou moins la prochaine édition de la  vraie Coupe en ligne de mire. Les moyens même diminués de la course au large dédiés à nos engins de plage, cela représente plutôt une bonne nouvelle pour conforter la place française parmi les leaders techniques dans les 10 ans à venir.

Enfin,  (Merci Nicolas :-) ) Challenge France et Benjamin Muyl, Pour rappel, c’est la seule équipe française qui a une expérience de l’ICCCC, le délicieux acronyme de la petite Coupe de l’América.

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