Martin Fisher est un architecte prolifique et sa patte marque la Formule 18: le Capricorn premier catamaran dit de nouvelle génération, Hobie Wild Cat, Phantom et le petit dernier de retour en Australie pour boucler la boucle avec ce nouveau Capricorn version 2013 fabriqué par Sailcraft Australasia.

Mais au fait,  qu’est-ce qu’un F18 ?  Un bateau technique mais rustique de 180 kg, une box rule fermée, des matériaux limités et une correction des poids d’équipages pour faire jouer plus de monde (équipages de 130 à 165 kg) en temps réel autour de bouées ou sur un parcours côtier. Aujourd’hui après les ponts à 1 mètre de haut, les dérives sans fin, la peinture qui remplace le gel coat pour gagner en rigidité, on nous parle de mât carbone pour « relancer » la série. C’est une idée foils (ouarf, ouarf ;-) ). Certes c’est plus moderne, mais quel intérêt, quel plaisir, pour le régatier que les bateaux les plus récents/rapides soient largement devant ?

La conséquence est qu’ aù-delà la crise économique la baisse du nombre de nouveaux F18 dans les pays historiques n’est pas compensée par une « mondialisation » qui essaime quelques supports par nation exotique et dont le niveau sportif, faute de flotte, reste  relatif (voir le dernier mondial aux USA). Je ne sais pas s’il est déjà trop tard. J’espère sincèrement que non, afin que cette série fantastique reste populaire. Car pour un équipier débouler sous spi au trapèze à 20 knot reste un grand moment de bonheur, même sur un F18 ancien. On peut penser que  la « gagnite aigüe » va se calmer et permettre à la F18 de revenir  dans une démarche de type 5o5: une série de proprios affutés et expérimentés. En regardant ce nouveau Capri, j’ai la faiblesse de le croire encore un peu.


Ce film a influencé beaucoup de pratiquants. Que ce soit par les séquences sur le sable, les sauts de vague avec réceptions foireuses, aujourd’hui les Nacra 17 ne font pas beaucoup mieux ;-) , les moustaches village people, la coolitude absolue. Ce film est culte et permet de comprendre pourquoi le catamaran sous sa forme hobiesque est bien une mythologie de notre temps au sens où l’entendait Roland Barthes.

Alliance géniale du surf et de la voile qui révolutionne le sport voile depuis presque 50 ans, le catamaran est à la fois populaire et élitiste. C’est une histoire que chacun peut vivre sans être équilibriste, avec peu de formation le plaisir est là. Les héros de la voile moderne sont déjà pratiquement tous issus ou passés par les coques bananées, leurs cousines fléchettes petites ou grandes (tornadesques) ou les héritiers formulesques : Gabart, Seguin, Villion, Peyron, Cammas, Le Peutrec, Ashby, Presti, Bourgnon, Drummond, Hagara, Kermarec, Bundock, Guichard, Pennec, Morvan… j’en oublie qu’ils me pardonnent.

D’autres y viennent car le challenge sportif se joue maintenant sur deux coques, comme Dalton, Percy, Slingsby, Outteridge et Big Ben Ainslie himself qui dit, en prime, que c’est pas si simple que ça le cata. L’humilité d’un Lord. Le prof. Desjoyaux est attiré par les classes C, devenus comme les classes A, un passage obligé à la fois sportif et technologique pour les nouveaux afficionados. Gagner un Vendée Globe ou une Volvo et puis tenter la little Cup c’est une nouvelle hiérarchie sportive.

Les AC45 ont rendu (télé-)visible cette révolution, les AC72 font reculer encore les limites . Comment imaginer faire revenir la voile en arrière ? Et tout cela à partir de gars moustachus qui font les marioles au trapèze, sur le sable et au milieu des surfeurs. Le message du cata, son image, son système de communication, le mythe selon Barthes, est en place . Durablement.

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