Red Bull avec Pierre Le Clainche en embuscade une poignée de points devant Edmond de Rotschild. photo: DR

Tout va se jouer aujourd’hui  de 15 à 17 heures et vous pouvez suivre la tension de cette fin de régate sur You Tube. Les 13 points d’écarts entre le 3ème et le 7ème rendent bien compte d’une belle guerre des nerfs. Même les leaders The Wave Muscat et Oman Air ne sont pas à l’abri d’un retournement de situation.

Avec deux catas aux couleurs françaises et des régatiers sur la moitié de la flotte, notre nation continue a être très bien représentée sur ce remarquable circuit. Notons qu’entre  les frères Mourniac (sur Alingui et Zoulou), Romain Motteau, Pierre Pennec, Romain Petit et Pierre Le Clainche les spécialistes du cata de sport forment une belle part du contingent gaulois chez les gallois.

Pierre Le Clainche qui navigue avec la légende autrichienne du Tornado: Hagara, s’accroche et se prépare pour cette dernière journée:

« La météo de Cardiff possède quelque chose de très « British », à savoir que pour le moment, quelques soient les prévisions météorologiques, le vent reste puissant et aléatoire. Aujourd’hui ne déroge pas à la règle: rafales à plus de 20 noeuds, prise de ris et c’est parti !
Le format reste très fermé avec un long reaching pour commencer et plusieurs tours autour de différentes marques par la suite. Ici si le départ est loupé, votre course est loupé, vous pouvez au mieux espérer finir cinquième si les premiers se pénalisent entre eux. Pour nous la journée a donc été très difficile, nous n’avons jamais réussi à atteindre les premières places en grande partie à cause de nos départs.
Nous glissons donc de notre place de leader à celle de la médaille en chocolat ce soir… Soit la meilleure place d’outsider pour débuter la dernière journée sans pression (mais nous ne l’avons pas fait volontairement ;) ).
Demain, dernière journée, derniers virements de bord, derniers empannages et dernières sensations fortes. Les nerfs seront soumis à rude épreuve et tout se jouera probablement dans l’ultime manche comptant double. « 

Pierre Le Clainche, qui contribue à CataMag.fr est au coeur de l'action à Cardiff sur l'Extrême 40 de Hagara. A mi-course il joue devant dans des conditions fortes. Son premier report est une présentation de cette incroyable compétition qu'est l'Extrême Sailing Series. © Lloyd Images

Extrême !

Le circuit créé par Mark Turner porte bien son nom et réussi le pari d’attirer les meilleurs régatiers de la planète tout autant que les spectateurs avisés ou néophytes de la voile. Les régates d’Extreme 40 débute toujours de la même manière, à commencer par le montage du catamaran de 40 pieds. Cela prend de un jour et demi à deux jours complets selon l’organisation. Une grue est nécessaire au matage et à la mise à l’eau.
Ensuite, le fun commence ! Généralement nous avons deux jours complets d’entraînement, parfois trois, pour nous remettre en jambe et tester de nouvelles configurations (places qu’occupent chacun lors des manoeuvres) selon le vent.
Le concept est simple: 8 bateaux, parfois 9, s’affrontent autour d’un format de course ultra réduit. Contacts assurés, spectacle garanti et plaisir décuplé !
Les étapes durent 4 jours avec des plannings de navigation différents selon le pays hôte (une grosse navigation l’après midi la plupart du temps). Avec des « night session » comme à Porto afin de se caler sur les heures de bonne audience des médias locaux.

Plan d’eau fermé complexe pour un jeu fait d’habiletés et intense physiquement: le close-combat sailing

Il peut sembler bizarre d’apprécier un plan d’eau complètement fermé avec de grosses variations de pressions et de direction mais après l’avoir testé on y prend goût assez rapidement. Les départs au reaching apportent encore davantage d’ « action » au format de course. L’habilité du barreur et de l’équipage est directement lié à la performance finale.

Placer  son Extreme 40 sur la ligne de départ avec 25 noeuds n’est pas une chose évidente au niveau technique. Le bateau possède de l’inertie à cause de son poids relativement lourd. Dès le pavillon de série affalé le cardiofrequencemètre s’emballe pendant 8 à 20 minutes.L’Extrême 40 est un support très physique pour l’ensemble de l’équipage, un sport où la préparation sportive en amont devient un facteur fondamentale de la performance. Les manœuvres s’enchaînent à un rythme effréné et ceux, durant les 6 à 9 manches du jour.

La dernier jour tout se joue souvent sur la dernière manche où les points comptent double (medal race). La tension et l’excitation augmentent à l’approche de l’acte final. Le comité de course transmet aux coureurs le classement provisoire avant la dernière manche par VHF.

L’équipe dans laquelle j’ai la chance d’évolué cette année (RedBull) possède un nombre restreint de personnes. Cinq navigants, un Boat captain et un entraîneur auxquelles on peut ajouter un responsable de la communication. D’autres équipes possèdent plus d’une dizaine de personnes. L’ambiance au sein de l’équipe autrichienne est excellente et malgré les différents horizons dont nous venons, la communication s’effectue extrêmement bien. Nous utilisons l’anglais comme langue officielle car nous sommes Autrichiens, Anglais, Australien et Français.

L’étape du moment à Cardiff est la plus froide au niveau température mais peut-être la plus chaude au niveau du vent. Nous avons eu des rafales à plus de 23 noeuds jeudi qui nous ont obligées à prendre un ris.
Nous menons la course à mi-parcours mais tout reste possible tant les régates dont serrées…

Les jours se suivent et se ressemblent pour nous en ce moment, croisons les doigts pour que cela continue…

Pierre Le Clainche

PS: Pour les (nombreux) autres français engagés, c’est moins facile, l’équipe de Pennec  (Edmond de Rotschild)est en construction est remonté 5ème et se paye de belles frayeurs, Zoulou ferme la marche et Alingui est 7ème.  Pour suivre c’est: ici

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