Entre Victorien Erussard le barreur malouin et Fred Moreau l’équipier morbihannais, le projet de participer à ce Championnat d’Europe F18 était un objectif important de fin de saison. Les deux compères font partie des habitués des rencontres internationales, la préparation porte autant sur le matériel, un beau Cirrus R avec une GV proto, commercialisée sans doute sous la marque All’Purpose (où exerce Fred) en 2012 que les épreuves de préparation comme le GP de l’Armistice mi-novembre. L’objectif sportif est le top 15 Européen.
Container pour le bateau, avion pour les régatiers, montage, essai, passage à la jauge, le premier jour de course arrive vite. Le plan d’eau est particulièrement difficile à lire, peu de vent, un clapot et de la houle qui n’autorisent que le mode cap au près, chercher à relancer ne sert à rien. Il faut prendre son mal en patience et encaisser le plus souplement, sur le caisson les bosses liquides qui sont autant d’obstacles. Cela va durer jusqu’au dernier jour.
Dans ces conditions éprouvantes, Vic & Fred font un début de régate bien au-delà de leur objectif initial: 3ème et 11ème. Ils ont trouvé un excellent mix entre audace contenue sur les départs, concentration pour faire marcher la barque et en même temps observation du plan d’eau. Les départs sont primordiaux, lancer les 180 kg du F18 quelques cm devant les copains c’est l’assurance d’un vent plus frais permettant d’affiner sa VMG et de contrôler la flotte. Les deux premiers de ce Championnat d’Europe étaient incontestablement les plus forts sur cette phase de lancement.
D’autant que le comité ne rendait pas les choses plus faciles durant les 4 premiers jours le côté avantagé sur la ligne suivait fidèlement le côté favorable du plan d’eau. Embouteillage garanti ! Rajouter des bateaux plus ou moins invisibles (rien à voir avec une peinture magique plutôt un des aspects inhérents aux régates internationales, voir le sport international), des n° pris pour des autres au-dessus de la ligne et vous avez tout les ingrédients pour une pratique nécessaire du zen.
Et le second jour est moins jubilatoire pour les bretons: 19 et 24ème, ils tombent 11ème, ils restent cependant dans les clous de leur target. Le 3ème jour est aussi stressant, faussement relax sur la plage en attendant le vent, cela n’a que l’apparence de vacances.
La quatrième journée commence au top pour Vic & Fred: une superbe 4ème place après une bataille intense, ça rigole. La seconde procédure de départ est sous P: si l’on dépasse la ligne il suffit de la repasser pour être ok. Poussé (très normalement, c’est le jeu) au lof par Gurvan Bontemps qui est engagé, les bretons dans l’élan de l’auloffée franchissent la ligne dans la minute. Pas de panique, une petite marche arrière avec l’aide de la houle, les replacent au bon endroit pour le top départ. Malheureusement le comité ne suit pas cette phase et la marge d’erreur du tracking GPS ne permettra pas de prouver leur position au top départ. Coup de massue sur la tête à l’arrivée: OCS. Assommés les bretons dans la foulée font une 3ème manche moyenne: 30ème, la pire du Championnat. Malgré leurs péripéties les bretons restent 11ème, en effet la fatigue, le stress et le manque de plaisir accablent la flotte.
La dernière journée est avec un peu plus de vent. Dans la dernière course, double trapèze au près petit trap sous spi et même (luxe) du cunningham pour calmer la bête. Un superbe course de second pour commencer cette dernière journée, le moral des bretons est bon, le plaisir de naviguer est (enfin) là. Une course de 19 et une de 13 permettent à Victorien et Fred de revenir dans le top 10 européen et 5ème équipage français. Belle perf. en haut de la fourchette des objectifs des bretons. Arithmétiquement, l’OCS pas très net coûte 4 places. Gasped.
Démontage, remise dans le container des F18 et des prix pour les coureurs, soirée entente cordiale franco/britannique, nuit courte, avion et retour en France avec des images plein la tête et des projets en construction. C’est loin la Californie ?
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