En regardant la vidéo, il est facile de comprendre que le temps de la rigolade est passé. Comme le dit Grant Dalton, le big boss de TNZ -dans tout les sens du terme, ce gars à une carrure de déménageur- dans le Café de la Marine : « la Coupe, c’est le boulot ». Les choses sérieuses impliquent du personnel sérieux, Darren Bundock (AUS) une des meilleures gâchettes de la planète remplace Russel Coutts. Ce dernier reste à bord. Peyron et Pacé sont très sympas et l’humilité des Champions qu’ils sont mérite le respect. Cependant dans catamaran de sport il y a sport et on peut penser que cette dimension qui consiste à jongler avec la limite n’est pas très « offshore » pour reprendre la terminologie de Peyron. Cette « border line » attitude mérite les spécialistes de l’acrobatie une coque en l’air sans routeur, ni instrument. Surtout à cette période cruciale si l’on veut briller et espérer séduire les investisseurs . Ainsi à la barre d’un AC45 « équipe de France » je verrai plutôt: Pennec, Besson, Guichard, Revil ou Backes. On a le choix, c’est dingue, et c’est sans doute pas mon dernier mot Jean-Pierre ;-)

Run de vitesse à Plymouth. © ACEA (2011)/ Photo R. Pinto

Bertrand Pacé (FRA), skipper/barreur, Aleph (FRA) :
« Nous avons chaviré par l’avant, l’étrave a planté et le bateau a suivi. Personne n’a été blessé et nous avons juste abîmé le haut de l’aile. Nous naviguions sur un angle délicat (au reaching) mais nous allions très vite et nous pensions que ça passerait car cela arrive plutôt avec moins de vitesse. Ce sont des conditions dans lesquelles nous devons courir, il suffit juste d’apprendre à bien régater dans ces situations c’est tout. Mon manque d’expérience du multicoque a entrainé notre chavirage aujourd’hui. On ne peut pas avoir la régate et le multicoque, ça s’apprend et aujourd’hui nous avons touché les limites. On attaque plus en course qu’en régate, c’est normal. Le chavirage fait partie du jeu mais les conditions étaient maniables. »

Loïck Peyron (FRA), skipper/barreur, Energy Team (FRA) :
« Belle journée avec un très bon départ pour une manche de 40 longues minutes car il fallait survivre avec beaucoup de vent et des angles de vent difficiles à tenir. C’est la première fois que l’on courrait dans des conditions aussi intenses. Le marin expérimenté du multicoque au large que je suis sensé être revient un peu trop, avec cette envie de finir et de ne rien casser, c’est « offshore » comme attitude. Je ne regrette pas car notre bateau est en entier en soir. Ceux qui apprennent depuis six mois ou un an ont cette chance de l’innocence. Nous, nous savons aussi comment faire mais nous avons trop vécu de catastrophes au large en multi pour ne pas en être imprégnés. »

Yann Guichard (FRA), régleur d’aile rigide, Energy Team (FRA) à propos des différences entre les épreuves d’Xtrem 40 et d’AC45 :
« Les deux sont de la régate condensée à l’extrême. Si les parcours sont un peu plus grands en AC45, les bateaux vont plus vite et nous avons aussi la limite virtuelle à gérer, le rythme à tenir à bord est donc similaire. Il y a néanmoins la spécificité du bateau, plus extrême, plus rapide, plus instable en latéral mais beaucoup moins en enfournement qu’un Xtrême 40. Par contre, quand tu commences à lever, tu arrives vite à l’angle critique où tu es en équilibre instable et tu ne sais pas de quel coté le bateau va retomber. »

texte et photo fournis par 34ª America’s Cup Media.

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