Le bilan sportif du catamaran français 2013 est bon, avec des points à surveiller.

20% des licenciés du classement national des classes et des pratiques FFVoile font du catamaran de sport

Regardons le classement national des classes et des pratiques FFVoile, (CNCP) qui donne une approche statistique nouvelle. Ce classement recense 27.504 classés pour toutes les pratiques parmi les 85.707 licenciés revendiqués par le Classement National individuel (le CNI est un autre versant des statistiques fédérales, comment dire, complexes à appréhender). Le CNI  compte lui, 35.656  licenciés ayant régaté. Cet écart significatif de plus de 8.000 classés entre le CNI et le CNCP mérite sans doute une explication qu’il faudra demander aux services fédéraux établissant ces statistiques. Pour évacuer ce biais nous concentrons l’attention sur le CNCP.

Au sein du CNCP,  9.186 licenciés, soit 33%, font du dériveur autre que de l’Optimist  (2.567 benjamins et minimes ont régaté sur ce support, socle historique de la formation). 3.658 (13% du total des classés du CNCP) l’ont été en windsurf et 5.461 classés  (5.513 multicoques dont 52 Weta) font du catamaran de sport. Soit près de 20% du total. Et parmi ceux-ci la statistique fédérale indique 2.953 classés de moins de 25 ans.

Le tiercé des flottes françaises en 2013, c’est Hobie Cat 16, Formule 18 et Dart 18. Révolution ou Evolution: selon le CNCP, en 2013, il y a plus de licenciés ayant régaté en HC16 qu’en Laser std.

Avec 619 classés le Hobie Cat 16  est la flotte la plus dynamique. Il faut souligner les  379 jeunes de moins de 25 ans malgré la fin scandaleuse du titre de Champion de France « espoir » HC 16 qui décourage les clubs ayant investis sur ce support.
La série emblématique de notre sport constitue la plus grosse flotte régatière, devant 351 classés en F18 qui retrouve son niveau de 2008 et 197  en Dart 18 qui affiche une belle progression. 119 classés en Viper et 87 sur Classe A constituent les autres séries significatives du catamaran de sport.

Pour apprécier ce que représente les classes fortes du catamaran en regard d’autres séries de la voile légère, on peut placer les 533 classés en Laser std., les ’470′ avec 426 classés en 2013 ou encore les 230 classés en ’5O5′. On remarque seulement 32 classés en 49er ou les 76 jeunes (- de 25 ans) ayant régaté en 29er. Ce qui peut laisser rêveur et montre un certain biais entretenu  au détriment de notre sport.

Des appellations fantaisistes des F18 dans le classement raid. Voir dans cette approche une tentative de segmenter la flotte F18 et/ou de l’affaiblir artificiellement relèverait d’un esprit soupçonneux qui n’a pas sa place durant  la trêve des confiseurs.

Des Formule 18 camouflés ?

On note les 920 classés sur le raid, qui reste une pratique forte et spécifique du catamaran de sport. Parmi ceux-ci on trouve sans surprise de nombreux F18 mais bizarrement affublés de  noms pour le moins exotiques: CIF8, NF8I, HWLD ou encore XX41. Plus drôle encore ils perdent ici la dénomination F18. Ces appellations fantaisistes recouvrent pourtant des F18 très répandus, respectivement les Cirrus R, le Nacra Infusion, le Hobie Wild Cat ou l’AHPC C2.

Il y a même des licenciés qui disparaissent. Pour illustrer cet autre escamotage statistique, l’équipier 27ème du raid des Corsaires dans la catégorie F18 n’apparaît pas comme un pratiquant de la série/classe F18 sur le CNCP, la case support est vide. Sa série/classe  est ici remplacée par sa pratique de raid (code RAI). Alors que le même est reconnu comme pratiquant  F18 sur le CNI ! Amusant, non ?  Cela n’est pas très sérieux et lèse spécifiquement cette série support fétiche des raiders.

Voir dans cette approche une tentative de segmenter la flotte F18 et/ou de l’affaiblir relèverait d’un esprit soupçonneux qui n’a pas sa place durant  la trêve des confiseurs. Il va de soi que l’administration du département voile légère va corriger ses erreurs afin de rendre justice (en attendant l’hommage nécessaire ;-) ) au travail fait pas l’association française F18 pour le développement de la voile légère en France.

On note ici encore une différence de traitement étrange car les 420 ne sont pas divisés selon leur constructeur et  surtout cette approche contredit le fait que la F18 est une jauge conçue par la FFVoile pour permettre de faire régater ensemble et en temps réel ces supports, d’où son succès.

Un filière jeune à préserver

Depuis l’arrêt de l’aide fédérale en 2007 sur les Tykas, l’effectif est stable avec 193 classés en 2013. Pour mémoire l’année la plus creuse a été en 2009, directement générée par le retournement de politique ffvoile avec seulement 130 classés. Bravo ici aux clubs qui entretiennent la base de la pyramide en ne cédant pas à la facilité de supports plus simples à mettre en oeuvre comme la planche ou l’optimist.

En SL15.5 alors que l’effectif a culminé à 258 classés en 2005 et comptait encore 237 classés en 2010, la fin de l’aide fédérale sur le Tyka a « démographiquement » induit une chute de l’effectif. Cela conjugué avec l’ahurissante suppression du titre féminin en 2011 explique sans doute qu’il n’y ait plus que 177 jeunes (moins de 25 ans) classés en 2013. Près de 25% de baisse en 3 ans c’est préoccupant. Chute d’effectif à rapprocher et qui explique l’effectif qui a fondu de près de 50% sur la même période pour les Championnats de France « espoir » glisse. De la voile en fait, pas du surf ni du skate,  pour des cadets, pas des espoirs selon la classification … FFVoile. Mais  ça c’est un ‘détail ‘ sémantique.

Belle progression des SL16 avec 202 classés jeunes, le support  qui bénéficie ici des efforts remarquables fait par Siréna sur le Championnat du Monde ISAF Youth.

Les Champions de France 2013

Les 3 équipages Champions de France de la filière jeune: Clément Cron et Héloïse Audine en minime/Tyka, Louis Flament et Charles Dorange en cadet/SL15.5, Cédric Fort et Antoine Mayet en junior/SL16, juste devant un équipage féminin Perrine Feaugas-Mathilde Lefebvre ;-) .

4 équipages Champions de France en temps réel: Hervé Ledue chez les Classe A, Gurvan Bontemps et Benjamin Amiot en Formule 18 (Cirrus R), Franck Cammas et Sophie de Turkheim en Nacra 17, Thomas Tiffon et Lucile Dary en Hobie Cat 16.

4 équipages aussi en  temps compensé, sur parcours Emmanuel Le Chapelier et Eric Le Bouedec (Viper) en C1, Solune Robert et Riwan Perron en C3 (SL16), en longue distance les suisses Laurent Beguelin et Frédéric Mottier (Tornado), Julien Quilichini et Kevin Remondon (SL16) en C3. Les deux équipages C3 sont des juniors.

2013 is Ze french year for catsailors:  6 world title and one european title

Pas moins de 6 titres de Champions du Monde cette année, les français dominent le monde du catamaran de sport. D’abord les frères Trebaol en SL16, Billy Besson et Jérémie Lagarrigue en F18, Billy Besson et Marie Riou en Nacra 17, Franck Cammas et Louis Viat en Classe C, Emeric Dary et Maxime Blondeau en Wild Cat et Arnaud Thieme en Hobie 14 . N’oublions pas le titre de Champion d’Europe HC16 pour Orion Martin et Charlotte Hilliard.

10 des 13 champions français internationaux de 2013 sont passés par la filière jeune catamaran, filière intégralement portée par la dynamique des bénévoles des clubs et des classes.

C’est la question que l’on peut légitimement se poser à la lecture de la synthèse et conjectures faites par le New Zealand Herald, article provoqué par les interviews et déclarations récentes de Sir Russell Coutts. Moins de trois mois avant la publication du protocole de cette 35ème Coupe, cela se précise. Le point crucial serait une limite de budget à 80 millions USD (60 M€). L’argent de poche que veut consacrer Ellison d’ici 2017 ? On est loin des montants évoqués pour la 34ème (200 M. USD). Somme sur laquelle Coutts, en bon defender, entendrai donc aligner les challengers. Selon le principe que ma contrainte deviendra ta contrainte ou bien une vraie volonté de diminuer l’impact du plastique dans l’obtention du trophée. Soyons bienveillant. Reste à savoir comment (et par qui ?) les budgets vont être suivi.

Aile et coques communes: les designers des foils au centre du jeu technique

C’est LA nouveauté évoquée dans cet article,  évacuer à la fois  le design des coques qui ne servent à (presque) rien une fois dans un élément 1000 fois moins dense que l’eau et beaucoup plus surprenant celui des ailes. C’est à dire le moteur principal de ces fusées véliques (Ellison ne plaisanterait alors donc pas quand il coupe un budget ;-) ). Ce qui fait que hors écarts de fabrication et les subtilités de jauge, les maîtres de la mécanique des fluides vont se recentrer sur les boosters (voiles d’avant) et les surfaces immergés induisant le vol. Hypothèse cohérente pour réduire les coûts de développement et favorise le projet français pour peu que Cammas sache retenir nos talents stratégiques et les persuader que la vie en Bretagne sud vaut celle à San Francisco ou sur la baie d’Auckland.

Moins d’équipiers et un circuit sur AC45 à foils

Un objectif de 6 challengers potentiels -avec une clause de nationalité pourtant évoqué avant par Coutts qui disparait dans l’artice du NZH- (Australien, Néo-Zélandais, Anglais, Français, Italiens ont exprimé déjà des voeux, resterait alors un 6ème:  Suédois/Chinois/Coréens/Omanais … ), les 4 meilleurs sur un circuit AC45 à foils dans les pays challengers qualifiés pour la Louis Vuitton. Certains pensent que c’est pas bon pour chasser la baleine mécène/sponsor de ne pas être sur de figurer (dans tous les sens du terme) lors de la phase finale de sélection du challenger devant affronter Oracle. D’autres considèrent, qu’il  s’agit de construire des projets avec des objectifs (et budgets) intermédiaires à valoriser. On tombe alors de moins haut :-) rajoute les esprits grinçants.

LV cup et Coupe finale se joueraient alors sur des catamarans de 60/65′. La réduction de la taille étant le premier élément d’économie, elle induirait aussi un équipage réduit à 7/9 équipiers au lieu de 11 sur les AC72. Conséquence les places à bord vont être chaudes pour jouer à San Francisco (90% chez les bookmakers) en 2017. Ici le NZH souligne le conflit potentiel avec l’ISAF qui peut exiger que « ses » top sailors se consacrent uniquement à la régate d’une fois tous les 4 ans avec des anneaux et surtout, à mon sens,  le nouveau circuit mondial  lancé dès 2015. Ce qui n’est pas anodin.

C’est en Mars prochain que le defender Oracle lâche le protocole avec tous les détails diaboliques qui font le sel de ce jeu.

texte modifié sensiblement après publication, suite ma mauvaise lecture de l’article du NZH, dont je vous prie de m’excuser. Merci aux lecteurs attentifs, et mieux réveillés, en ce dimanche post-fêtes.

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