Le SL16 n'est plus le catamaran jeune World Sailing. photo FT

L’incroyable énergie des clubs

Un équipage féminin: Océane Laugé & Morgane Lorman-Nogué s’impose sur leur plan d’eau dans un « Mondial SL16″ regroupant 42 équipages, 100% français. Bravo les filles !
Essayer de replacer la filière française dans le format du catamaran de sport international (Nacra 15, Hobie Cat 16, Formule 18, Nacra 17), ne serait-ce que pour respecter l’énergie positive des coureurs, clubs et entraîneurs, s’avère intéressant.

Cette filière française (au départ Tyka-15.5-HC16) initiée il y a presque 20 ans, a contribué à la bonne culture catamaran de notre pays en s’appuyant principalement sur les clubs et une quinzaine de coachs qui consacrent une grande partie de leur WE à partager leur passion et faire progresser des équipages.

Tout cela malgré, ou grâce, selon votre humeur, un certain dédain pour la régate en catamaran de sport, d’une fédération centrée historiquement sur le dériveur. Ce qui se traduit concrètement par  l’absence de pôle FFV catamaran, la diminution des titres et des quotas haut-niveau, une politique de supports absurdes qui épuisent inutilement les ressources des clubs.

Le haut-niveau demeure lié à la confrontation internationale

En particulier la mise en place par la volonté fédérale du doublon Hobie Cat 16/SL16, puis suppression du premier en 2012, alors que ce dernier reste un vrai marchepied vers le haut-niveau. Attention, pas de méprise: gagner une régate nationale, avec seulement quelques étrangers demeure un véritable challenge sportif qui mérite le respect.

Il convient simplement de rappeler que le haut niveau demeure lié, fondamentalement, à la confrontation internationale. C’est à dire des régates avec au moins 8 nations selon les critères standards.

Franck Cammas a  assimilé ce point dans sa quête du Graal vélique. En étant le roi de la course au large franco-française (deux nations si l’on considère que les bretons sont à part ;-) ), il a cherché d’autres horizons qu’une nouvelle taille XXL de bateau pour assouvir son désir de dépassement.

La hiérarchie internationale de la compétition en voile est assez nette: tout en haut la Coupe de l’América, puis l’Olympisme, le Match Race pro. comme vivier et la Volvo pour le large, ici en équipage.
Les jeunes issus du catamaran ont un large choix de support pour affronter des équipages étrangers.

La nouvelle donne complète le paysage international du catamaran de sport en place

Loin de la permanence des supports historiques lents, des couloirs de World Sailing sont sortis le Nacra 17 pour les JO en 2013 et son petit frère le Nacra 15 en 2016 pour les jeunes. Exit donc,  le SL16 soutenu indéfectiblement par les français.

Cet hiver, Nacra a vu sa production retardée par des choix de sous-traitance. En donnant la priorité au Nacra 17 version Tokyo 2020, le Nacra 15 est lui aussi décalé. Ce qui n’empêche pas des clubs  de vouloir investir sur ce support dès à présent afin de pouvoir jouer pour les sélections internationales (Championnat du Monde Youth et JO de la jeunesse 2018).

Bonne nouvelle il n’y a pas que le Nacra 15 dans la vie. Il existe des séries catamarans avec des régates internationales en flotte qui sont très disputées: le  Hobie Cat 16 pour les légers et mixtes (120-130 kg), la Formule 18 pour les équipages plus physiques (150 kg). Avec des flottes  comprenant 8 à 12 nations, les Neiras (Le Peutrec ;-) ), Ferrec/Delaplace, Robert/Perron, Tiffon  A & T, Molina font partie des jeunes moins de 23 ans, capables d’un top 12 européen ou mondial scratch et/ou un podium jeune. Les plus jeunes peuvent s’inscrire dans ce parcours sans attendre pour apprendre à se préparer puis affronter des équipages d’autres nations.

Enfin le  Tour Voile, depuis le choix du Diam24 et d’un format innovant, constitue une nouvelle opportunité (5 nations et un fort développement potentiel avec des olympiens) offerte aux jeunes et clubs du catamaran de sport pour valoriser l’excellence de leur apprentissage du jeu de la régate moderne. Ce qui explique la colonisation de l’épreuve par les jeunes passés par le catamaran de sport: Salomon,  Dary, Melot, Hainneville, Bellet, Robert, Perron, Dorange, Flament, Blondeau, Roger, Ravon. J’en oublie très certainement.

Culture catamaran

Robin Follin le skipper de Team France jeune sur la Youth America Cup, talentueux barreur de quillard SB20 et du match race, comfirme très lucidement, après une 5ème place méritante, que la culture catamaran c’est aussi un long apprentissage: « il y a un et demi, je n’avais encore jamais touché à un multicoque ! »

Cet art du close combat sailing au pinnacle de la voile avec la Coupe,  mis au point et popularisé par les Extrême Sailing Series, s’apprend sur tous les supports instables et rapides: Tyka, Open Bic, SL15.5/16, Dart 18, Hobie Cat 16, Formule 16 et 18, Nacra 15 et 17, Moth, skiff, Diam24, D35, M2, GC32.

Avec une spécificité unique du catamaran olympique: c’est un équipage mixte. Cela tombe bien, les filles aiment le catamaran et sont capables  comme Océane et Morgane de tenir la dragée haute aux garçons. Le Tyka reste un excellent point de départ pour intégrer le travail en équipage. Le saut direct vers le Nacra 15 ne sera pas évident, l’excellent 15.5 peut servir de sas  sur une ou deux saisons et pourquoi pas des flottes collectives de Nacra 15 avec des régates calquées sur la RedBull foiling génération (pool de 4 avec qualification et repêchage).

Ne doutons pas que  la fédération présidée maintenant par Nicolas Hénard, double Champion Olympique de Tornado, soit à la hauteur du talent et des potentiels des jeunes et des clubs du catamaran de sport français. Ici le principe que les sélections internationales se gagnent sur l’eau ne sera pas étranger à une dynamique positive au niveau national et en terme de performances.

Franck Tiffon.

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