Fais du cata de sport d'abord tu feras de la voile après ! photo: FT

#‎CatSailorPride‬

Si comme moi les remarques désobligeantes et légèrement condescendantes des voileux authentiques sur les engins de plage à deux coques vous amusent. Ces derniers temps, vous rigolez franchement. Le génialissime  et prémonitoire Petit Baigneur avec Louis de Funès avait bien annoncé, dès 1968, que les catamarans révolutionnaient la course à la voile.
Difficile pour certains d’admettre aujourd’hui encore cela. Surtout quand les mêmes ont mal vécu une après midi humide sur un Hobie 16, l’égo blessé des susdits renvoi alors à la rétivité perçue du support.

Faire du catamaran de sport est le passage obligé pour être devant  sur la Route du Rhum 2014

Après la Coupe de l’América tombée dans la Classe C et le Tour de France à la Voile, qui s’est doté d’un catamaran avec une coque au milieu pour être sage, c’est à l’emblématique Route du Rhum d’être emporté par ce phénomène fort. Mouvement invisible et/ou mal perçu (comme beaucoup d’autres enjeux, mais ce n’est pas le lieu d’énumérer) 17 , rue Henri Bocquillon à Paris où le mot même de catamaran est tabou. La novlangue fédérale s’arc-boute et veut imposer le terme générique de multicoques de sport. Le bureau exécutif FFV considère la commission catamaran, pardon multicoque de sport, comme un placard sans action sérieuse, ni vision, en lui attribuant zéro budget.

Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse (du Rhum oeuf corse) et force est de constater que la voile Tabarliesque, modèle majeur de la régate franco/française depuis 40 ans c’est à dire la course au large en solitaire est dominée aujourd’hui par les adeptes des engins de plages et du Petit Baigneur.

Loick Peyron (Classe A, D35, AC45) et Yann Guichard (Tornado au JO de 2000, AC45, D35) en Ultime, assez logique en multicoques, mais aussi François Gabart (Dart 18, Champion du Monde jeune Tornado, 4ème du Championnat du Monde F18 en 2013, Champion de France Classe A en 2014)  en Imoca, Thibault Vauchel-Camus (Hobie 16 et X fois Champion de France Formule 18) en  Classe 40 sont des leaders des flottes principales. Loïc Fequet malheureux sur son 50 pieds et Damien Seguin Handivoile olympique et en Classe 40sont aussi issus du Hobie Cat 16 et de la Formule 18. Sébastien Rogues le ténor de la Classe 40 a un vrai programme formule 18, seulement un hobby ? ( 1 franc dans le nourrin).

Ils sont partout chaque week-end de la Coupe au TFV: les envahisseurs débarqués des engins de plage

Pierre-Antoine Morvan un des meilleurs performers français en MatchRace et Matthieu Salomon en J80, ces deux derniers des purs produits des coques bananées. Chez les ministes/figaristes des jeunes comme Thomas Normand ou Julien Villon confirment bien: fais du catamaran de sport tu feras (très bien) de la voile après !

Comment omettre Franck Cammas l’immense Champion Français (et vice-Champion du Monde F18 en 2009) qui en marchant vers la Coupe passe par la case technologique avancée de la Classe C et le niveau sportif du Nacra 17 . Cela non sans beaucoup d’humilité, ce qui sied au vrai et grand Champion (21ème du dernier mondial à Santander). Ou encore un certain Daniel Souben autre héros du Tour de France à la voile longtemps entraîneur de catamarans de sport du Morbihan (SL15.5, HC16, Tornado). Extrême 40 et AC45 sont le terrain de jeu naturel des anciens tornadistes de toutes les nations.

Vieux motard que jamais pour bicoquer et indispensable pour envisager le Saint Graal de la Coupe de l’América

Le marin ISAF 2014 n’est autre que James Spithill pour ses exploits en AC72 et au passage rappeler qu’il fut 19ème du mondial F18 à Erquy en 2010 avec un certain Glenn Ashby. Fais du cata et tu gagneras la Coupe après, c’est le message très bien compris par Sébastien Col qui essaye de voler sur GC32, Philippe Presti en Classe A, Michel Kermarec en Viper ou Sir Ben Ainslie en Nacra 20.

En Novembre 2013 l'ISAF council a validé la démarche pour introduire un catamaran avec dérives aussitôt que possible (as soon as possible) comme support du Championnat du Monde jeune ISAF. Il s'agissait de remplacer HC16 et SL16. Ici les frères Bellet premiers Champion du Monde français jeune ISAF en 2008 sur SL16, Romain et Valentin seront vice-Champions du Monde ISAF jeune en 2009 sur Hobie Cat 16. photo:Franck Tiffon

Econduit par AHPC et Bimare, la recommandation du Nacra 15 par le panel ISAF s’avère un choix par défaut

Sans (dé)considérer les qualités du nouveau catamaran de Nacra, comme son prix contenu, le fait marquant reste la démonstration économique de Goodall (AHPC) qui refuse de se positionner sur l’appel d’offres avec  « Viper says no to ISAF » support qui était le grand favori après avoir été battu par le Nacra 17 pour le titre de support Olympique. Bimare a fait de même et certes on peut s’interroger sur la surprenante et anecdotique candidature de RS Sailing spécialiste du … dériveur moderne (les limiers de CataMag.fr sont sur ce dossier étrange ;-) ).

Reste Nacra qui avec 2 supports le F16 comme repoussoir et un nouveau modèle couvre le terrain, même stratégie que pour le support Olympique, et devient le choix logique. Choix pauvre mais logique retenu par le panel ISAFien.

Siréna menace de se retirer du jeu et Hobie Cat s’en contrefiche.

Dans le courrier co-produit par l’association internationale SL16 et Siréna, le bilan du SL16 est défendu avec ardeur. Glissés dans cette plaidoirie la menace explicite de ne plus fournir de bateaux pour cette épreuve en l’absence de visibilité jusqu’en … 2020: « La société Sirena Voile pourrait d’ailleurs remettre en question son sponsoring des prochaines éditions du Championnat du Monde ISAF Jeune déjà contractualisées s’ils n’obtiennent pas de visibilité pour le SL16 à moyen terme, d’ici 2020. » L’association de classe dépose une soumission la 89-14 qui propose d’évincer le choix existant entre Hobie et SL16 et insiste sur ces 4 années de visibilité.

Pour l’usine Hobie Cat, les gesticulations ISAFiennes, pour reprendre l’expression de Jacques Chirac « lui en touche une sans faire bouger l’autre ». Le leader du marché du catamaran mondial, sans doute peu prêt à faire l’effort économique requis, regarde cela de loin et laisse le président de l’Event Comittee dégainer sa soumission pour éjecter le Hobie Cat 16 du choix existant à ce jour.

Nul doute que la FFVoile va chercher à manoeuvrer pour appuyer le maintien du SL16. D’abord car c’est un support de sa filière et que la décision du conseil de 2013 constitue déjà une claque (une de plus) pour une politique sportive catamaran somme toute assez ridicule et imposée aux forceps. Ensuite car le SL16 est un support français (comme le HC16 en fait). Enfin car un changement de support remettrait non seulement en cause les investissements des clubs, mais les obligerait à prévoir des dépenses nouvelles, ce qui n’est pas une bonne nouvelle.

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