Alors que les jeunes néo-calédoniens brillent en Australie, les jeunes français vont ils devoir renoncer à se confronter sur le support mondialement le plus populaire dans le cadre fédéral ? photo: Franck Tiffon

En préambule, pour être transparent,  je n’ai pas d’action chez Hobie, et le HC16 est un vieux bateau avec plein de défauts. Certains l’aiment ou le détestent pour cela mais ce n’est pas mon propos. La suppression du Championnat de France HC16 espoir et donc de la filière jeune sur ce support, est une hérésie sportive à court et moyen terme.

Faire un unique Championnat de France pour deux supports différents est une insulte au bon sens.

Il suffit de demander à n’importe quel technicien du circuit et il vous dira que le HC16 et le SL16 sont des supports avec des caractéristiques distinctes. Parmi celles-ci la manoeuvrabilité et la stabilité. Le SL16 est plus maniable, mais au dessus 15-17 knot beaucoup plus délicat à mener au portant que le HC16 spi. Un Championnat mixant les deux supports conduit logiquement à privilégier le SL. Je connais déjà une demi-douzaine d’équipages qui ont renoncé à ce programme, pas seulement au Hobie, mais aussi au Championnat de France espoir. Tout va bien.

Statistiquement la politique des quotas décroissants sur le HC16 a découragé, année après année, les clubs de s’y consacrer . Une systématisation de l’intersérie relègue au second plan les équipages Hobie. Une autre manière de les dégouter. Tu veux gagner la coupe locale: navigue en SL16. Cela veut -il dire que les Hobistes sont mauvais ?

En 2012 lors des sélections françaises pour le Championnat du Monde sur SL16, sept des dix premiers équipages pratiquaient le Hobie 16 , dont deux équipages sur le podium.

C’est moins le support qui compte que la flotte au départ. Et ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de niveau en HC16 ou plus largement en catamaran, sont cordialement invités à venir montrer leur science. Ils pourront apprécier les joies et difficultés de notre discipline. Oui un support qui vire mal oblige à soigner les manoeuvres et ça c’est un plus après, afin d’ anticiper et soigner son placement. Un support très banané implique une grande attention sur le positionnement de l’équipage et cela induit des automatismes bénéfiques pour la suite. Ainsi, il est plus facile de passer du HC16 au SL que le contraire. Les frères Trebaol pourtant talentueux et redoutables en SL16 ne dominent pas en Hobie.

Malgré cette politique,  il y avait toujours en 2012 une majorité de jeunes 15-20 ans classés et pratiquant le  HC16.

Et si l’on ôte les Hobistes faisant la qualification ISAF obligatoirement sur SL en 2012, faire du SL16 apparaît bien réservé à une petite élite, une situation à la 29er, avec une trentaine d’équipages. Sauf que, le développement du catamaran en France est sans commune mesure avec celui des nouveaux dériveurs. Segmentation  encore, car privilégier le SL16 est un choix qui ne prend pas en compte la morphologie des jeunes pas tous taillés sur le mode crevette. Sur ce support au-dessus 125 kg il est très difficile d’être polyvalent. Les pourtant excellents Havrais: Antoine Dijou et Guillaume Lecroq en ont fait l’expérience l’année dernière en Irlande lors du Championnat du Monde ISAF. Au dessus 130 kg d’équipage, tu fais quoi ? Du Nacra 17 direct. Ce n’est pas sérieux.

Ici le SL et le Hobie sont complémentaires par le programme, le style de navigation et la morphologie. Un peu comme les différents types de lasers qui permettent aux différents gabarits de s’exprimer. Oter cela au catamaran c’est spécialiser la population, la restreindre et faire baisser considérablement l’intérêt des courses.

Le programme international est intense en Hobie Cat 16, la formation des jeunes y est  riche.

L’effort fait par Siréna sur le Championnat du Monde ISAF mérite d’être souligné. Car il faut le faire, économiquement et pratiquement: fournir à l’ISAF, une quinzaine de supports chaque année est remarquable pour une entreprise de cette taille. Cependant les faits sont têtus et le SL16, malgré ses atouts, reste un support franco-français. Ce qui explique que l’ISAF en novembre dernier a maintenu les deux supports (SL16 et HC16) sur le Championnat du monde jeune. Un Championnat du Monde ISAF dans un pays à culture catamaran signifiera Hobie. Et là en France il faudra réapprendre ce subtil support en un an ? Pas simple.

Le Championnat du Monde ISAF c’est un seul équipage par an. Ce qui écarte, au passage,  systématiquement et fort injustement les jeunes d’outre mer. Je souligne ici la belle performance  des néo-calédoniens Thomas Dupont et Martin Anfosso, second « ISAF Youth » sur le National HC Australien qui vient de s’achever.

L’autre caractéristique du HC16 c’est l’aspect inter-générations des grandes épreuves. Ceci est le gage d’un apprentissage plus rapide et explique simplement le niveau des jeunes Hobistes face à ceux qui ne régatent qu’entre jeunes. De plus régater sans spi, à l’ancienne, est un vrai challenge de finesse et de tactique qui permet de découvrir une facette nécessaire de notre sport pour être performant.

National Australien,  Championnat d’Europe Hobie et le Championnat du Monde constituent des épreuves d’apprentissages et de formations incroyables. Le niveau est dense et nos camarades Australiens, Américains, Danois, Allemands, Italiens, Omanais, Chinois de Hong Kong, ne s’y trompent pas: c’est là que joue leur élite jeune sur deux coques. S’il n’y a plus d’équipe de France jeune sur le Championnats internationaux Hobie, ce qui est la suite logique de la casse de la filière Championnat de France espoir, alors nous ne pourrons plus former des équipages pour se frotter à l’international en catamaran.

Avec l’absence de soutien fédéral au Tyka depuis 2007, la filière catamaran jeune qui existe depuis seulement une douzaine d’années sera alors sabordée par le bas et par le haut. Ce qui, à l’heure des Extrême 40, AC45, Youth America Cup et Nacra 17 laisse, pour le moins, perplexe. On pourra toujours organiser des stages sur les KL28  et revendiquer ainsi une politique « catamaran ».  Ce n’est pas la communication de la politique fédérale qui est en cause mais bien son fond. Car ce qui fait le charme de la mariée c’est moins sa robe que sa fraîcheur et l’amour qui l’habite ;-) .

N’importe quel pilote d’avion vous le dira le souci est moins de voler que d’atterrir. Après le rappel des mâts carbone du mois dernier, la période de test et de mise au point du support Olympique de 2016 continue. Foils, safran (voir photo ci-jointe) ont un peu de mal à supporter la fin de vol généré par la portance des appendices. Je ne parle pas des équipier(e)s… Gunnar Larsen et Peter Vinck ont donc un sacré challenge technique et industriel devant eux. Bonne nouvelle :le mat alu qui remplace l’espar en charbon est plutôt adapté aux voiles. De là à penser que le provisoire devienne définitif, ce serait sans doute le souhait de nouvel an pour ceux qui rêvent de Rio 2016.

© 2017 CataMag Suffusion theme by Sayontan Sinha